Resident Evil

Quand on découvre le jeu sur Playstation en 1996, ce qui frappe en premier lieu c'est la sensation d'impuissance qui vous habite rapidement.

Je m'explique: ici pas question de régler les problèmes comme dans un vulgaire jeu d'action où il faudrait tout dézinguer sur son passage.

L'apprentissage est douloureux, long et cela passe par la maitrise des déplacements du personnage dans un environnement en 3D. Autant vous dire que les déplacements combinés aux angles morts d'une caméra paresseuse contribuent à créer un sentiment très angoissant au détour d'un couloir ou derrière une porte.

Mais au fait, ils sont pas géniaux ces japonais de CAPCOM? Il viennent d'inventer le Survival Horreur, sous genre du jeu d'Aventure/action...

Pas si vite... Shinji Mikami (créateur de la série) reconnaitra à demi-mot des idées inspirées (volées?) d'un jeu bien français créé par Frédéric Raynal, l'avant-gardiste Alone in the Dark sorti en 1992, soit 4 ans auparavant. Certes la technique est encore maladroite, mais quand on pense que le jeu est sorti à l'origine sur un Amiga vieillissant à qui on avait fait cracher tous ses poumons.

Alone in the Dark (1992)

Les influences sont multiples. Les créateurs n'ont pas hésité à puiser également dans le cinéma d'horreur occidental avec La nuit des morts vivants de Romero et ses zombies effrayants.

Avec des bruitages minimalistes (vos pas) et des plans fixes angoissants, la peur de l'inconnu est accentuée par des rencontres avec des zombies que vous ne pouvez pas esquiver.

Le stress général causé par une gestion des ressources à flux tendu, une interface et des déplacements horriblement rigides écrivent les lettres de noblesse du genre qui perdurera jusqu'au début des années 2000 avant que ce gameplay éculé ne soit remplacé par une 3D totale plus immersive et moins frustrante.

Sans parler d'un système de sauvegarde archaïque mais faisant partie intégrante de mécaniques presque hardcore ne laissant pas la place à l'approximation, et vous obligeant à savamment choisir le moment de consommer votre rouleau encreur.

En cette année 96, le choc reste cependant énorme et fait partie des nos meilleurs souvenirs de joueurs de l'époque.

Vous ne sortirez pas de cette expérience indemne, je vous le garantis!

Les épisodes 0 à 3 (le 0 sortant en dernier) vont consacrer le genre et user jusqu'à plus soif le gameplay qui aura fait le succès du 1er opus.

Pourtant lorsque sort le dernier du genre à l'aube des années 2000, Resident Evil Zero annonce par une préquelle le chant du signe du format à plan fixe. Comme s'il fallait en passer par là pour mettre un terme à une vision déjà ringardisée par une 3D toute puissante.

Ce sera chose faite avec la sortie de Resident Evil 4 qui fait entrer la série dans l'ère moderne, en réinventant le TPS (vue à la 3eme personne) libérant enfin le gameplay de son carcan originel.

Puis en 2017 avec Resident Evil 7, une autre révolution s'enclenche avec un passage tardif à la vue à la 1er personne, pour le bonheur de beaucoup mais avec regrets pour certains. Et pourtant l'incursion de cet opus dans le monde de la VR donne une dimension nouvelle à l'horreur, alors que nous ne pensions jamais revivre un choc comme celui de 1996.

Resident Evil est bien une série protéiforme qui a su se réinventer à chaque fois, méritant par la même occasion son incroyable longévité.

Pour le fun on vous offre la vidéo d'introduction du jeu de l'époque! Un moment culte et kitch tellement savoureux