Dragons Lair
Alors que les salles d'arcade peinent à proposer mieux que Pac Man ou Space Invaders, un jeu venu de nulle part impressionne avec des graphismes jamais vus jusqu'alors. Retour sur une saga mythique: Dragon's Lair (1983)
En 1983, il faut se rappeler que le jeu vidéo vient à peine de naître. Les hits de l'arcade comme Space Invader (1979), Pac Man (1981) ou autres shoot them up, sont des références en terme de gameplay et de graphismes. Et justement ce sont les graphismes de Dragon's Lair qui vont bouleverser les joueurs des salles d'arcade de l'époque.
Dans ce jeu édité par Cinematronics vous incarnez le chevalier Dirk à la recherche de la princesse "Daphne", prisonnière du maléfique dragon "Singe" (Daphne, Singe... ca ne vous rappelle rien?).
Vous devez donc parcourir une trentaine de pièces remplies de pièges et chausse-trappes en tout genre. Enfin, disons plutôt que vous allez devoir mémoriser les passages ou il faudra activer une touche à un moment précis (le jeu vous aidant parfois en faisant apparaitre un flash vers la direction à prendre). La moindre erreur est sanctionnée par une mort plus comique que tragique.
Mais Dragon's Lair n'est pas un jeu comme les autres. En fait, ce n'est pas vraiment un jeu vidéo, mais plutôt un dessin animé interactif, genre qu'il invente sans le savoir.
Et comme tout bon dessin animé, il faut un bon dessinateur. Et ça tombe bien car c'est Don Bluth, ancien de Disney, qui est à la manœuvre et qui réalisera toutes les splendides animations du jeu. Cependant, pour ajouter un brin d'interactivité, il faut quasi doubler le nombre de dessins pour une même scène, la scène réussie et la scène ou vous échouez lamentablement, réduisant ce bon vieux Dirk en poussière.
Côté technique, vous imaginez qu'il faut un support suffisamment puissant pour contenir une vidéo de haute qualité et réaliser un séquençage ou chapitrage efficace de chaque scène. Cela vous parait évident aujourd'hui mais en 1983 c'est très rare. Seul le LaserDisc représente, à ce moment, le support idéal pour cette lourde tâche.
Pour couronner le tout, le jeu est particulièrement difficile car les scènes sont séquencées de manière aléatoire et qu'il faut du coup mémoriser chaque mouvement par cœur.
La faible interactivité inhérente au genre n'empêche pas le jeu de connaître le succès grâce à son esthétique inimitable pour l'époque et son humour décalé, et aussi parce que Daphné était vraiment bonne...
Dragon's Lair et les portages de la HONTE
Ne pouvant pas laisser Dragon's Lair profiter uniquement à l'arcade, de nombreux éditeurs peu scrupuleux se sont acharnés à porter le jeu sur tous les supports connus et imaginables de l'époque. Manque de bol, aucune machine domestique d'alors n'est capable, en dehors de l'arcade, de reproduire le jeu original. Qu'à cela ne tienne, on va mettre de jolies petites images sur la pochette du jeu.
Comme on pouvez s'y attendre, ce n'est franchement pas une réussite, en témoigne les étrons colossaux jonchant les bas fonds du jeu vidéo des années 80 et 90.
On commence par ce portage injouable sur NES.
Pourtant sorti tardivement sur NES (1992 en Europe), vous aurez tout juste droit à un énième jeu de plateforme comme il en existe tant sur la console 8-bits de Nintendo, mais injouable et moche de surcroit. Le premier passage, celui du pont-levis, vous plonge direct dans l'ambiance. Oubliez donc les jolis petits dessins de Don Bluth, et l'humour qui caractérise tant le 1er jeu. L'humour, vous en aurez besoin pour ne pas vous taper la tête contre les murs. Chaque pixel du jeu est conçu pour vous emmerder: les passages au pixel près, les dégâts complètement absurdes (une petite araignée vous tue en un coup). Bref les développeurs semblent avoir abandonné toute logique, ou alors ils n'en avaient rien à faire.
Et si on faisait un jeu Dragon's Lair sur Gameboy?
Quelle bonne idée, sur le papier. Sauf que vous n'avez peut être pas envie de vous faire punir à nouveau par un jeu au Gameplay complètement cassé. Après vous étiez prévenus, quand on sait que ce sont les mêmes développeurs qui ont réalisé le précédent chef d'œuvre sur NES!!
Dragon's Lair: The Legend (1991) n'est cependant pas un portage, il s'agit d'un jeu exclusif à la Gameboy. Nul est un qualificatif trop indulgent pour ce jeu. D'abord, il va falloir comprendre le but: récupérer une centaine de fragments pour libérer la princesse, sans avoir de compteur ni d'explication au préalable. Les plateformes sont complètement foutraques. Par exemple vous pouvez marcher sur la tête des ennemies, dans les arbres, sur les nuages!! Bien entendu impossible de sauvegarder ou d'utiliser un mot de passe puisque les développeurs ont eu l'excellente idée de ne pas en mettre, ce qui vous oblige à tout recommencer si vous éteignez la console. Ce jeu défie tout logique et sera un des pires titres de la console portable de Nintendo.
Dragon's Lair sur SNES (1992). Alors bien ou pas bien?
Dans cette adaptation sur SNES, Dirk dispose d'un large éventail de mouvements. Il peut se mouvoir dans les 4 directions, sauter, utiliser son épée et balancer des armes de jet. Les premiers niveaux sont corrects mais sans plus, et on se prend de rêver à une adaptation enfin potable de notre aventurier.
QUE NENNI !!! La suite est beaucoup moins flatteuse. Passées les bonnes premières impressions du début, vous allez une fois de plus vite déchanter. Certains ennemis apparaissent de façon aléatoire, ce qui peut franchement devenir très pénible. Dans plusieurs passages il faut également trouver la position au pixel près (comme sur NES) pour réussir à attraper une corde, lancer un objet ou sauter par dessus un feu mortel. Comble du foutage de gueule, les développeurs ont pensé qu'il serait drôle de mettre de fausses issues, vous obligeant à recommencer depuis le début... hahahaha c'est hilarant. Et encore vous n'avez pas vu le système de mot de passe dans la version française, une vrai scandale. Préférez d'ailleurs la version US pour éviter un suicide.
On pourrait croire qu'une malédiction a frappé les jeux Dragon's Lair, cependant il y a peut-être une version pas trop pourrie que nous pouvons de guerre lasse vous présenter.
Escape From Singe Castle: le premier portage potable sur AMIGA?
L'Amiga en 1989, tente de reprendre le Gameplay d'origine, enfin si on peu parler de Gameplay. Composée de 5 disquettes bien pleines, cette version se veut fidèle au matériau d'origine. On a droit aux mêmes scènes de QTE à déclencher en appuyant au bon moment sur telle touche, mais franchement la recette ne prend plus. De surcroît, la capacité limitée des disquettes ne permet pas de proposer l'intégralité de l'aventure, mais seulement une infime partie.
Bref une adaptation en plus lent, plus court et moins bien... C'est nul en fait.
Avec le support CD qui se démocratise, c'est mieux mais pas vraiment nécessaire
Il faudra attendre l'arrivée du CD-ROM pour retrouver un jeu quasi identique à l'original de 1983. Mais la encore était-ce bien raisonnable? Fallait-il ressortir cette vieille gloire du passé du formol où il se trouvait, très bien d'ailleurs? Pas si sûr.
D'ailleurs c'est sur cette version qu'il est possible de jouer au jeu d'origine sans trop se casser la tête, un simple émulateur de 3DO et un téléchargement de ROM et le tour est joué.
Aux talibans du retrogaming, à moins de posséder la très chère borne d'arcade d'origine, je conseille l'excellent Daphne Emulator, disponible dans toutes les bonnes boucheries chevalines. Préférez cependant la version NTSC, plus fluide parait-il.
Et pourquoi pas Dragon's Lair Bluray tant qu'on y est? Ce serait le comble!
En Bref Dragons Lair
A rebrousse poil des jeux tout en pixel du début des années 80, Dragon's Lair a certainement fait rêver les gamins de l'époque en utilisant intelligemment le support LaserDisc, seul capable de contenir ce film interactif en haute définition.
Le fait est que si le jeu de Cinematronics est une œuvre étonnante, il n'est en réalité pas un jeu vidéo au sens strict. Tout au plus, il est un précurseur du QTE à l'état séminal qui passera comme un bref ovni, mais unique dans le cœur des gamers des années Reagan. Enfin unique, pas si sûr. Fort du succès de son Dragon's Lair, Cinematronics profitera de l'euphorie pour sortir en 1984 Space Ace, toujours sur le même principe et avec Don Bluth aux manettes. Cette fois l'interactivité est un peu plus poussée et le jeu sera également un succès, c'est dingue. Peut-être l'objet d'un prochain article? Who knows...
Même si les adaptations et portages indignes ont légèrement écorné son héritage, Dragon's Lair reste le témoin d'une époque, celle du jeu vidéo des années 80, une période de créativité folle qui a vu naître et se développer toutes sortes d'ovnis devenus cultes aujourd'hui (même si injouables).
Vidéos
Portages, Versions et Adaptations
Screenshots
Auteur - nono -
Maître Jedi des requêtes SQL. Les jeux qui m'ont marqué:
- Half-life
- Tomb Raider
- FFVII
- Diablo
- Derrick : meurtre dans un parterre de fleurs
Publication : 11 July 2022 | Catégorie Saga | Version Arcade
Dernière modif le 2024-08-21 19:28:34
(Dernière modif il y a moins d'un mois par nono)Vu 1654 fois
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FAQ / REF / CITATIONS
Perso même s'il m'a toujours fait rêver en arcade, je reste traumatisé à vie par l'épisode Gameboy!!
répondre à Remo1 Réponses
Il en a fait rêver plus d'un en 1983 !